Il marche dans l'ombre, la tête haute et le regard noir. Semblant colérique et mauvais de prime abord, Hadès n'incarne ni la douceur, ni la bienveillance. Dieu illustre dans la violence, il inspire un sentiment de crainte et de peur fétide. Tout chez lui inspire un certain respect, de son regard à sa démarche, en passant par sa façon de s'exprimer. Car s'il ne parle que peu, beaucoup plus dans la réflexion que l'expression, le dieu sait poser de sages paroles. Se voulant discret, pour quelqu'un qui paradoxalement ne l'est pas, il échappe la plupart du temps au célébration auxquelles on n'oublie pas de l'inviter en trouvant une excuse. Il est craint comme on peut craindre la mort, souvent moqué, mais bien trop respecté. Honnête, sans la moindre arrière pensée lorsqu'il cherche à s'exprimer, il porte sur le monde un regard sage et connaisseur.

Bon joueur d'échec, admirateur d'art, il exprime toute sa créativité dans le passage des mortels dans l'au-delà. Comme un embaumeur, il décortique les morts dans le plus grands des respects pour tenter de comprendre pourquoi leur vie achève de se faner après moins de cent ans d'existence. Il les emmène ensuite loin des vivants et des dieux qui, bien trop faibles pour les admirer dans leurs splendeur absolument parfaite les dénigre, et avec douceur, il les accompagne dans leur dernière demeure. Il témoigne pour les défunts un respect sans égale et considère ceux qui l'ont rejoint comme des enfants qu'il faut éduquer, à qui il faut apprendre à vivre une seconde vie. Père des morts, il les aime sans limite. A contrario, il a beaucoup moins de respect pour ce qui vit sans prendre conscience de l'opportunité qu'est l'existence des mortels. Hadès ne supporte l'insouciance et la naïveté des humains qui sont incapable de prendre conscience de la chance qu'ils ont d'exister.

Cette horreur du vivant -tout du moins lorsque cela concerne l'homme, Hadès la connait depuis sa plus tendre jeunesse, une époque certes révolue depuis longtemps et dont il peine à se souvenir mais qui lui a laissé un goût amer sur les lèvres. S'il les hait tant, c'est que, vilain petit canard, il semble depuis toujours avoir été mis de côté par les autres, comme s'il était tout bonnement différent. On ne lui a jamais enseigné l'amour, sauf dans le monde d'en dessous, tant et si bien qu'il a très vite appris à ne plus aimer que son royaume, son peuple.